Louis Aliot ose un livre courageux et vrai.
C’est la chronique de l’abandon progressif de la souveraineté française. Un sujet d’actualité, vu l’état de chaussette molle de notre imperium. De souveraineté, il ne reste plus que le souvenir aussi lointain que la Marseillaise entonnée à Valmy. On n’est plus souverain que dans les coups de menton des matamores de tribune, de télé, de
radio, enfin partout où le bonneteau des mots fait prendre des projecteurs pour des lumières, des nouilles pour des muscles, des larbins pour des chefs, de la servilité pour de la souveraineté.
Pour ce livre lucide, Louis Aliot avait obtenu une préface de Boutros Boutros-Ghali, ancien secrétaire général de l’ONU, qui reconnaissait la qualité du travail, sans pour autant partager toutes les idées de l’auteur. La préface a été annoncée dans le Figaro, le Nouvel Obs, de quoi agiter les grenouilles du bénitier politique qui sont devenues vertes de rage, de jalousie, d’apoplexie morale. Comment! Le vice-président du Front, préfacé par un ancien secrétaire général de l’ONU! Ce n’est plus la dédiabolisation, c’est la sanctification ! Alors la liberticide machine des biens-pensants s’est mise en route pour guillotiner la préface, pour empêcher la liberté d’expression d’un vieil homme qui écrivait ce qu’il pensait sans se douter qu’en France on peut tout dire sauf du bien de Louis Aliot, de son livre, puisqu’il est vice (quel vice !) président du FN.
Dans les couloirs de la mort des préfaces, les bourreaux de papier se sont activés pour décourager le préfacier, l’amener à retirer sa préface devenue épitaphe pour un monde de clowns moraux sans morale.
Ainsi en a décidé le terrorisme des salons. Boutros Boutros-Ghali ne préfacera pas ce livre qu’il voulait préfacer. On le comprend, malgré son courage, à son âge on ne monte plus sur les barricades. On veut mourir tranquille sans risquer de se fâcher avec le cortège final pour quelques lignes qui rendent hommage à un livre, à un auteur. Donc, cet ouvrage n’aura pas de préface, ces quelques lignes modestes d’un damné sont une anti-préface ; une manière de dire qu’il y a de la fierté, cher Louis, à subir les ciseaux des censeurs qui finiront bien par se couper un jour leur chique molle.
Boutros a retiré sa préface, mais elle laisse sur la page, comme sur la plage, les pas des amis désunis par la cabale.
Gilbert Collard